J’ai renversé mon café. Encore. Le sol n’a rien demandé, moi non plus. Mais voilà : la mare s’étale, brille un peu. Et d’un coup, je me dis que c’est peut-être un portail énergétique vers un autre plan de conscience, ou juste un rappel que le contrôle est une illusion et que les serpillières aussi ont une âme.
Je regarde la tache. Elle a la forme d’un cœur, ou d’un continent en train de se dissoudre. Je me dis : tiens, c’est moi. Et je ris.
Parce que franchement, on passe nos vies à vouloir tout contenir, tout essuyer, tout cadrer. Mais la vie, c’est une tasse renversée : chaude, désordonnée, collante et magnifique.
La société adore les gens durs, droits, bien repassés. Mais la force véritable, c’est le bambou dans la tempête, pas la poutre dans le salon IKEA.
Tiens sans te casser. Aime sans t’épuiser. Pardonne sans t’effacer. Respire sans performer.
Et si tu sens ton chakra racine trembler, c’est normal : c’est juste ton corps qui se rappelle qu’il est vivant. Tu n’es pas en panne, tu es en mise à jour.
Chaque matin, avant que les notifications m’attaquent, je pratique mon rituel : 15 minutes de rien.
Pas d’écran, pas de mots. Juste la respiration qui s’installe comme une vieille chanson. Je visualise ma colonne comme un câble USB entre Terre et Ciel. Les chakras s’allument un par un, comme des guirlandes de Noël mystiques :
Et quand tout ça tourne à peu près rond, je note une seule chose à faire dans la journée. Pas trois. Une. Parce que le cosmos ne te demande pas d’être productif. Il te demande juste d’être présent.
Il y a deux silences : celui qui étouffe, et celui qui guérit. Choisis le deuxième.
Ferme les yeux, respire, et laisse venir les bruits du dedans : ton cœur, tes pensées, tes souvenirs en roller. Le silence, c’est la playlist secrète du monde. C’est le Wi-Fi intérieur qu’on capte seulement quand on coupe tout le reste.
Parfois, j’ai l’impression que l’univers est un vieux chat moqueur. Il nous regarde courir dans tous les sens et il cligne lentement des yeux, genre : « Sérieux, encore une to-do list cosmique ? »
Tout ce qu’on croit être une catastrophe, c’est peut-être juste un clin d’œil de l’infini. Un petit chaos pour t’aider à réajuster ton axe. Les chakras, c’est pas des boutons magiques : c’est des capteurs de réel. Quand ils grincent, c’est que t’essaies de vivre à côté de toi.
Le café sur le sol, c’est ton aura qui s’exprime. C’est ton chakra du cœur qui fait de la peinture moderne. Chaque goutte est un poème liquide sur l’imperfection.
Ne nettoie pas trop vite. Regarde. Admire. Les taches sont les tatouages de l’instant. La preuve que le monde bouge encore, même quand tu restes immobile.
Quand tout s’agite, pose ta main sur ton ventre. Respire comme si tu gonflais un ballon d’enfant. Laisse monter la chaleur. Imagine que tu te rebranches à la Terre par la plante des pieds, à la Voie Lactée par le sommet du crâne. Et là, dis-toi calmement :
« Je suis un vortex de lumière molle, un mélange d’ange et de poussière, et je suis exactement à ma place. »
Oui, c’est absurde. Mais c’est ça, la magie.
Tu n’as rien à réparer. Tu n’as rien à prouver. Tu es une tasse renversée, un peu vide, un peu pleine, mais encore tiède — et ça suffit.
Quand tout dérape, souviens-toi : le calme, c’est de continuer à rire au milieu des flaques.